SON EPOPÉE MÉDITERANÉENE

L'oeuvrage artisitque de Stam Calafatis est une ode au voyage autant qu’à la vie en perpétuel mouvement, façonnée par les souvenirs, les rencontres, et les cultures qui l’ont personnellement imprégné. À travers ses peintures, il raconte avec authenticité l’histoire d’un enfant des mers devenu artiste, pour qui chaque coup de pinceau est une réminiscence de ses racines et de ses aventures. Connaître son histoire, c'est finalement comprendre son art.
ENFANCE NOMADE
"Stam Calafatif", de son vrai nom Stamatis Nicolas Calafatis, est né dans une famille grecque aux racines profondes. Ses prénoms Stamatis et Nicolas sont respectivement ceux de son grand-père et de son père. Originaire de l’île de Simi, dans les Dodécanèse, sa famille a longtemps vécu entre la Grèce et la Méditerranée. Son arrière-grand-père était capitaine de bateau et scaphandrier, une tradition maritime qui marquera Stamatis dès son enfance. Élevé par sa grand-mère, Sebastie Hatzi Michali, il grandit entouré de récits de marins et de pêcheurs, l'amenant à dessiner des bateaux et des paysages dès qu’il en a l’occasion...
« On avait pas grand chose à cette époque, alors je travaillais sur du carton que j’enduisais de sable et de plâtre, je laissais sécher et je ponçais tout ça avec du papier. À l’école, les enseignants me demandaient de dessiner les cartes de géographies. On disait que j'avais le coup de crayon ! »

© Photo du père et des grand-parents de Stam
Stam grandit en voyageant entre la Tunisie et l’Égypte, accompagné de sa famille dans des convois de camions transportant des moutons. Cette vie nomade l'ouvre rapidement à une multitude de cultures, lui permettant de parler plusieurs langues dès l’âge de quatre ans grâce aux échanges avec des Italiens et des Maltais qu’il côtoie durant ces voyages.
Il fréquente une école anglophone à Alexandrie, en Egypte, et obtient son certificat de scolarité à neuf ans. Très jeune, il fait preuve d'un talent pour le dessin, bien que son père ne voie pas d’un bon œil cette passion pour l’art.
Particulièrement inspiré par la mer, il s’entraîne à plonger dans le grand bleu en retenant son souffle, lesté de pierres, pour ramasser des coquillages et observer tous les trésors cachés des fonds marins.
C'est au milieu des bancs de poissons, des toiles et des pinceaux que Stam découvre finalement ses havres de paix dans lesquels il trouvera refuge tout au long de sa vie.

© Le désert peint par Stam Calafatis
ÉVEIL EN EUROPE

© Marseille peint par Stam Calafatis
À dix-sept ans, après avoir obtenu son baccalauréat, Stam part pour Londres, aspirant à travailler sur des pétroliers. Il s’installe dans un centre YMCA, où il subvient à ses besoins en effectuant des tâches ménagères et en travaillant dans des restaurants grecs, chypriotes et hindous. Il décroche un diplôme général d’études anglaises et est finalement admis à l'université de Cambridge, notamment grâce aux aptitudes physiques que la mer lui a laissé comme héritage.
C'est en 1959 - marqué par la mort de son frère ainé avec qui il est très fusionnel - que Stam pose finalement ses valises en France et s’installe dans la citée Phocéenne, une ville étroitement liée à ses origines qui le rapproche à nouveau de la mer méditérannée. Il travaille rapidement comme dessinateur dans le bureau d’études d’un entrepreneur. D'abord envoyé sur des chantiers manuels, il finit par prouver son talent pour le dessin, ce qui le ramène au bureau d’études où il se consacre aux plans pour architecte.
En parallèle, Stam aime fréquenter le Vieux-Port de Marseille, où il se mêle aux artistes de rue. Armé de ses craies, il dessine pour les passants et recueille quelques pièces dans son chapeau pour acheter du vin et de quoi manger avec ses amis artistes. Des moments simples mais importants dans l'épanouissement du jeune peintre. Inspiré par le surréalisme de Dali et d'autres artistes français, il réalise une interprétation du Christ avec une barque au pied, qui attire notamment l'attention d'Ambrogiani, un peintre local influent qui l’encourage à poursuivre sa passion.
C'est lors de son service militaire en Indre-et-Loire que Stam a l'occasion de consacrer réellement du temps pour son art au milieux des calmes paysages ruraux. Un nouvel environnement qui lui permet d'affiner son style en explorant les thèmes qui l'habitent, comme le lien entre nature et émotion.
« Pendant mon service, un capitaine a vu mes tableaux accrochés dans ma chambre. Il m’a demandé qui les avait faits et m’a autorisé à peindre au lieu de travailler comme les autres. C’était une grande chance : je peignais toute la journée ! »
VIE DE FAMILLE
Marié en 1962, à Colette Durand, Stam est installé à Pierrelatte, où il travaille à la centrale nucléaire en tant que technicien puis commercial. Souvent en voyages d'affaire, il continue de peindre dès qu’il en a l'occasion, bénéficiant même d’un atelier à côté de chez lui, prêté par son beau-père. Ses œuvres séduisent par leur intensité et leur maîtrise des couleurs, une habileté qu’il a cultivée en étudiant et en reproduisant les tableaux de grands maîtres tels que De Vinci et Van Gogh. Ces copies lui permettent de mieux saisir les techniques et nuances qui enrichiront son style propre.

© Photo de mariage de Stam Calafatis et Colette Durand en 1962
« Tout le monde pensait que j’allais devenir un grand peintre, mais mes prespectives d'évolutions professionnelles et mes devoirs familiaux prenaient le dessus. »
Exposé dans la Drôme, en Aquitaine et dans la région PACA, c'est à la retraite que l'artiste se consacre enfin à sa passion à temps plein. Aujourd'hui agé de 88 ans, il définit l’art comme un langage acquis par l’expérience et les rencontres. Cosmopolite, il puise dans ses racines et dans les cultures croisées, créant un style unique qui traduit ses émotions présentes et ses souvenirs passés.
« J’ai appris sur le terrain - comme j'ai appris les langues - en suivant le ressenti, la vie réelle. Je ne dirai pas non plus que je suis autodidacte : je n’ai pas appris seul par choix, j’ai simplement saisi des opportunités pour m’exprimer. [...] Je vis et je ressens les choses avant même de les réaliser, comme si je réincarnais un peintre du passé.
J'observe les choses comme j'observe la mer : je ne vois pas les vagues, je saisis leur mouvement. [...] Chaque fragment de vie, un jour, ils prennent forme dans une autre vision, celle d’un tableau. »
CONSÉCRATION D'UN ART EN MOUVEMENT

© Photo de Stam dans son atelier avec un tableau de sa nouvelle collection
Evoluant dans un monde en perpetuel changement, Stamatis Calafatis est désormais un arrière-grand-père qui veille à transmettre à ses petits-enfants des valeurs de solidarité et de simplicité qu'il a connues enfant.
Humainement et artistiquement son identité reste proche de l’essence de la mer, dont les mouvements profonds et imprévisibles se reflètent dans sa peinture. Les cycles de la vies l'inspirent et le mènent encore aujourd'hui à des périodes de contemplation intense, traduisant ses émotions en formes et couleurs - inattendues mais si évidentes - sur la toile.
